lundi 6 février 2017

"La quatrième campagne porte bonheur"

"La quatrième campagne porte bonheur"

02 FÉVRIER 2017


Le président du MoDem publie un livre-projet et entame un marathon médiatique avant de livrer sa décision sur une éventuelle candidature, d’ici à deux semaines. Il a reçu Paris Match dans son fief de Pau.
Paris Match. Dans votre livre, vous professez l’optimisme. Un registre inhabituel par rapport aux diagnostics alarmistes de vos précédents livres de campagne…
François Bayrou. C’est vrai, c’est une tonalité différente. L’intuition que j’ai de l’état de la société a évolué. Bien sûr, aucun des problèmes de la France n’est réglé ni en voie de règlement, et on a même l’impression que tout s’aggrave, en raison des impasses politiques. Mais je ressens dans le pays une forte envie de vivre. Une volonté de bousculer les obstacles et de relever les défis qui s’imposent à nous. C’est le sens de mon livre « Résolution française ». 
Emmanuel Macron, lui, a écrit «Révolution». N’est-ce pas plus ambitieux qu’une résolution?
Le mot "révolution" est aujourd’hui employé à toutes les sauces. En réalité, on utilise le mot pour ne pas faire la chose, pour que rien ne change dans la société. « Révolution », normalement cela veut dire  « renversement de l’ordre établi ».  Mais si ce qu’on nous propose, en réalité, c’est l’alignement de la France sur le modèle mondial de l’hyper-capitalisme, je le dis : ce n’est pas la vocation de la France. La vocation de la France, de par son histoire, de par son identité, c’est de proposer un autre modèle de société que celui du chacun-pour-soi et des inégalités toujours plus impitoyables.
Si ce n’est pas un livre-programme, ça y ressemble quand même très fort…
Les livres-programme, les catalogues de mesures, c’est à mourir d’ennui. C’est de la technocratie. Ce que j’ai voulu écrire, c’est de l’histoire et de l’avenir, une vision d’ensemble, simple, qui va droit à l’essentiel. Aujourd’hui, les gens ont l’impression qu’il n’y a pas d’issue, que tout est devenu trop complexe, qu’il est impossible d’y comprendre quelque chose. J’affirme au contraire qu’on peut apporter des réponses pratiques et efficaces à ces questions qui paraissent inextricables.
Lesquelles, par exemple ?
Je définis trois priorités : premièrement, l’unité du pays. Qu’on stoppe la dissolution et le chacun-pour-soi. Instaurons par exemple un service civique universel où les jeunes de tous milieux pourront se rencontrer et ensemble servir les autres. C’est aussi la question sociale. Des candidats expliquent qu’il faut payer moins cher le travail et repousser l’âge de la retraite de manière autoritaire. Moi je plaide pour un travail payé à son juste prix, le retour à des heures supplémentaires qui vaillent la peine, et une retraite par points, à la carte. Parce que ce n’est pas la même chose de partir à la retraite à 65 ans pour quelqu’un qui a eu une vie professionnelle calme et pour quelqu’un qui est couvreur, maçon ou aide-soignante avec des patients à soulever et porter plusieurs fois par jour. Et puis il y a la question démocratique : il est pour moi un scandale permanent que les deux tiers des Français ne soient pas représentés au Parlement qui est censé parler en leur nom. La deuxième priorité que je définis, c’est l’énergie du pays. L’Etat est devenu une forêt administrative bloquant tout esprit d’entreprise et toute innovation. Les papiers, les exigences administratives, la fiscalité. Tous proposent qu’on augmente les impôts, TVA ou CSG. Je pense au contraire qu’ils sont déjà trop élevés : qu’on se fixe comme règle le « ça suffit comme ça ! » : aucune augmentation ! La troisième priorité, c’est avoir une vision de ce qu’est la souveraineté de la France aujourd’hui. Pour moi, dans un monde aussi dangereux, l’Europe doit être reconstruite.
Ce projet, le porterez-vous devant les électeurs ?
Les primaires, dont je pense le plus grand mal, ont désigné un candidat très à droite et un candidat très à gauche. Et entre les deux, il n’y avait pas de projet pour l’instant. Si vous ajoutez à cela le fait que le paysage politique actuel, avec ses accélérations et ses coups de théâtre, est un bazar sans précédent… Je prendrai ma décision en tenant compte de la situation à la mi-février. 
Si un candidat reprend vos propositions à son compte, vous lui apporterez donc votre concours ?
Ce n’est pas affaire de promesses, c’est affaire de personnalité. Et de positionnement politique. Le mien est clair : je suis pour l’alternance, après cinq années qui ont été frustrantes à bien des égards, et je veux un projet pour la France qui donne du sens à la vie des Français. 
Mais avez-vous aujourd’hui les moyens et le temps de vous organiser pour faire campagne ?
Bien sûr. Nous avons préservé cette liberté.
Une quatrième campagne, est-ce bien raisonnable ?
Le chiffre 4, à la présidentielle, porte bonheur ! Mitterrand, Chirac, Le Pen, ont tous fait leur meilleur score à leur quatrième candidature (rires). Mais plus sérieusement ce n’est pas mon souci : la situation morale du pays est terrible. Je n’ai jamais vu une situation aussi grave. Il faut tourner la page, résolument et en évitant les excès.
Les Français viennent de sortir Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande et Manuel Valls. Ils aspirent plus que jamais au renouvellement. Est-ce que vous pouvez l’incarner, après trente ans de vie politique ?
Il n’y a que les benêts qui croient que le renouvellement est une affaire d’âge. Ce qui compte, c’est la force et l’enthousiasme. Regardez les trois plus grands du XXe siècle : Clémenceau, Churchill, de Gaulle. Quant à ceux qui ont subi les revers que vous évoquez, il y a une chose qui nous sépare, c’est qu’eux ont exercé le pouvoir. Ils ont été écartés "après usage", si j’ose dire. Il se trouve que le projet, les idées politiques qui sont les miennes n’ont pas accédé au pouvoir, pour des raisons qui tiennent uniquement à des institutions dévoyées.
En 2016, vous souteniez Alain Juppé de manière très claire. Mais vous vous prépariez aussi à la victoire de Sarkozy. Et les électeurs des primaires ont choisi Fillon…
C’est le piège des primaires ! On choisit le candidat d’un camp, sur un discours partisan. Les « primaires » sont un mécanisme pernicieux, c’est le contraire de la Ve République, régime dans lequel le président, pour réunir, doit se tenir à l’écart de la logique des partis et des camps. 
Quand vous vous retournez sur les vingt dernières années de votre vie politique, que retenez-vous ?
Sur tous les points essentiels, mon jugement a été juste. J’ai très tôt annoncé les difficultés qu’entrainerait le choix de l’endettement perpétuel. J’ai dénoncé les affaires, comme l’affaire Tapie, souvent tout seul. Je me suis opposé à la privatisation des autoroutes. Je me suis opposé au parti unique de la droite et on perçoit aujourd’hui quels ont été les résultats catastrophiques de cette organisation politique pour le pays. J’ai défendu sans cesse la moralisation de la vie politique. J’ai fait une campagne sur le produire en France. Tout cela était juste, même s’il n’est pas facile d’être en avance.
En 2012, vous menez une campagne très anti-sarkozyste et vous appelez à voter François Hollande. Est-ce que vous regrettez votre tonalité de l’époque ?
Un jour, on ne me posera plus la question : comment avez-vous pu voter contre le renouvellement de Nicolas Sarkozy ? On me demandera : comment avez-vous pu être le seul à avoir le courage de ce choix ? Tout le monde était au courant des dérives que je dénonçais. Les débats de la primaire de la droite les ont abondamment confirmées.
Avez-vous été convaincu par les explications de François Fillon sur l’emploi de son épouse ?
Il a répondu sur le registre émotionnel. Mais il y a aussi le choc pour l’opinion de découvrir ces pratiques. C’est un énorme trouble et une énorme déstabilisation. 
Avez-vous été surpris qu’il ait cette supposée pratique politique ?
Complètement. 
La droite républicaine peut-t-elle le soutenir durablement ?
C’est une question pour la droite, pas pour le centre que je conduis. Ma conviction est qu’au point où en est arrivée la décomposition, c’est du vrai centre, le centre libre et indépendant, que peuvent venir des pratiques nouvelles et assainies, et de lui seulement. 
Y-a-t-il toujours une possibilité pour vous de le soutenir ou est-ce que cela compromet une éventuelle alliance ?
Même si je mets cette affaire à part, sur le plan politique, François Fillon a manifesté qu’il ne voulait pas bouger de son projet. C’est un programme très rude sur le plan social, sur la sécu comme sur la question de la durée du travail, avec la suppression des heures supplémentaires, très rude pour la fonction publique. Sur ces points, nous sommes en désaccord. Et j’ai l’impression que je ne suis pas le seul, y compris parmi ses plus proches.
Est-ce que vous pensez toujours qu’Emmanuel Macron est un « hologramme » ?
Je reprends mes trois conditions à une candidature présidentielle : personnalité, projet, positionnement. Sur ces trois points, je n’ai pas de réponses. Mes questions sont entières : est-il armé pour la fonction ? Et quels sont réellement son projet et son positionnement ?
Est-il un homme de gauche ou un centriste ?
Le centre, ce n’est pas un lieu indéterminé ! C’est un courant politique et une vision du monde. 
Pour vous, il reste le candidat des « forces de l’argent » ?
La place de l’argent dans ces campagnes est excessive. C’est un danger. Chez lui comme chez d’autres, d’ailleurs… 
On fait un parallèle entre sa trajectoire et la vôtre en 2007... De bons sondages, des salles bondées… Comment expliquez-vous son succès ?
Bien sûr, il y a des ressemblances. Dans les deux cas, un grand succès d’audience. Mais ce qui me frappe, en tout cas pour l’instant, c’est que les gens que je connais qui assistent à ses réunions en sortent sans avoir retenu beaucoup d’idées marquantes. Et pourtant c’est sur le fond que les questions se posent. Mon point de vue n’est pas que la France doit s’aligner sur le modèle économique qui domine le monde, c’est qu’elle doit défendre un autre projet, plus juste et plus efficace. Un autre projet pour elle, et au nom de bien d’autres. 
La primaire socialiste se termine avec la victoire de Benoît Hamon. Est-ce la fin du PS ?
En tout cas, du PS actuel, oui je le crois. J’ai depuis longtemps analysé la guerre des deux gauches. Cette fois-ci, on arrive au point final de cette guerre. Et c’est la logique de la primaire qui a triomphé : un électorat qui choisit non pas ce qui est à l’équilibre du pays mais ce qui est la préférence de son camp. C’est l’exact contraire de ce que la situation du pays exigerait. 

samedi 21 janvier 2017

COMMUNIQUE de Felix Allary Président MoDem 34

COMMUNIQUE de Felix Allary Président MoDem 34
Les Centristes du MoDem avancent lentement...très lentement...mais ils avancent! Et ce grâce aux déclarations et programmes des autres partis. Qu ils en soient remerciés!
Pour les législatives ils comptent être présents sur la 1ere, la 2 eme, la 3 eme et la 8 eme circonscription.
Ils cherchent des candidat(e)s pour les autres circonscriptions (4-5-6-7-9).
Si vous remplissez une, deux voire plusieurs de ces conditions vous pouvez m envoyer votre candidature qui sera examinée:
> Avoir des convictions mais ne pas être sectaire, accepter l idée que son ami, son voisin peut ne pas voter comme lui ou elle, ne devra pas insulter les gens qui pensent différemment, devra accepter sans état d âme la parité, ne pas s être stationné sur une place handicapé, respecter nos institutions et nos traditions mais aussi nos différences, la présence d un gaulois parmi ses ancêtres n est pas exigée, le certificat de baptême non plus, devra présenter un programme qui répond à l intérêt général, avoir été reconnu dans son domaine professionnel y sera apprécié , les jeunes et les femmes sont les bienvenus, ne pas avoir caché son incompétence en s étant dissimulé dans un parti ou un syndicat, avoir un esprit d ouverture, des idées de créations d emplois dans le numérique ou dans un autre domaine d activité seront les bienvenues , regarder devant en se souvenant de son passé afin de ne pas commettre les mêmes erreurs, accepter de donner une deuxième chance à son prochain, aimer la nature et les animaux...
Si vous ne remplissez aucune de ces conditions ne pas tenir compte de ce mail.
Avoir des idées et les défendre c'est bien mais il faut penser au financement d une campagne. Les dons seront également les bienvenus ( déductibles à 66%).
Felix Allary
Président MoDem 34

dimanche 10 juillet 2016

"Ce qu’il faut viser, c'est une majorité d'alternance large" François Bayrou

"Ce qu’il faut viser, c'est une majorité d'alternance large"

10 JUILLET 2016


Mondialisation, explosion du paysage politique français, électrochoc Brexit, sommet de l'OTAN : François Bayrou répond aux questions d'Atlantico. Découvrez ce grand entretien.
Atlantico : La France semble plongée dans une crise majeure, entre défiance politique, crise économique, et mouvements sociaux. La modération, que vous pouvez représenter, peut-elle être à la hauteur de la situation ? La modération n'est-elle pas la conservation de l'existant, dans une version "modérée" ?
François Bayrou : Pas du tout. La modération est une réponse à la crise. Une crise se caractérise par une perte d'équilibre. Pour un pays, une société et même pour les gens. Deux réponses sont alors possibles. Soit vous accroissez le déséquilibre en dressant les gens les uns contre les autres, en ciblant telle ou telle catégorie, en cherchant des causes extérieures à la situation qui est la vôtre. Soit vous cherchez à reconstruire un équilibre. J'appartiens à ceux qui cherchent à reconstruire un équilibre. L'ecclésiaste a dit : "toute demeure divisée contre elle-même périra". Le problème du déséquilibre dans lequel nous sommes, est qu'il crée des explosions en chaîne. L'extrême gauche a explosé, le parti communiste a explosé, le parti socialiste a explosé, la droite se déchire, le Front national lui-même n'est pas à l'abri, mais aussi les écologistes qui ont connu l'explosion ultime, et le centre s'est divisé pour de secondaires ambitions. C'est une situation où la France se perd elle-même.
La vocation politique vaut la peine quand elle choisit de conjurer cette fatalité, et cela pour moi est une nécessité personnelle et historique. Certains s'en fichent, pourvu qu'ils aient un succès électoral. Ce n'est pas mon point de vue. Je connais la vie : je sais très bien que les passions sont plus fortes que la raison, et que les passions noires l'emportent sur les passions blanches. Mais je sais aussi que ce dont le pays a besoin, c'est le contraire : de l'équilibre, de la compréhension mutuelle, du rassemblement.
Mais rassembleur, cela ne veut pas dire terne, ou gris. Voilà pourquoi il faut mettre toutes les ressources disponibles au service du nouvel équilibre : l'émotion, l'engagement, la passion, le rire, la tendresse, la colère, le caractère irréductible. Nous avons besoin d'entraîner les gens.
Vous avez pu d'ores et déjà marquer votre soutien à Alain Juppé. La description que vous venez de faire correspond-elle réellement à Alain Juppé ?
Alain Juppé a deux traits qui méritent considération. Il est le mieux placé de ceux qui considèrent qu'il est mieux de rassembler que d'opposer. Concernant les réformes qu'il propose, on peut avoir des débats, mais il est en situation de rassembler. Il ne considère pas que c'est en exploitant les instincts et les divisions primaires que l'on va trouver une solution pour le pays. Nicolas Sarkozy a fait un autre choix, c'est l'expression d'une nature.
Alain Juppé est compatible avec la nécessite de reconstruire le courant politique du centre qui manque à la France. Du moins, son élection peut le permettre. La voie qui permettrait à l'opposition d'être plus juste et plus efficace serait qu'elle s'organise en deux sensibilités. Le fait que l'on ait décidé de faire un pseudo parti unique "de la droite et du centre" a interdit à la droite d'être la droite et au centre d'être le centre. Ainsi, le FN a prospéré sur l'espace de la droite, et le parti socialiste a prospéré sur l'espace du centre. Cela est mécanique. L'organisation de ces deux expressions, l'une clairement à droite et l'autre clairement au centre, recréerait la possibilité d'une majorité bâtie sur le dialogue. Car sans dialogue, il y a explosion. C'est ce que l'on peut voir au PS aujourd'hui.
Vous évoquez une réformation du centre. Du centre droit ?
Non. Le mot de centre se suffit à lui-même. Ce qu'il faut viser, c'est une majorité d'alternance large.
Dans le cas où Nicolas Sarkozy remporterait la primaire, ce qui entraînerait "mécaniquement" votre candidature à l'élection présidentielle, ne seriez-vous pas confronté à un dilemme ? Comment chercher les déçus de François Hollande sans tomber sur l'écueil de ce qui a pu vous être reproché, c'est-à-dire un trop grand flirt avec la gauche là ou une bonne partie de votre électorat restait malgré tout de centre droit ?
Nous verrons dans les années qui viennent si cela a été bien ou mal inspiré. Ce qui est marquant, aujourd'hui, c'est la fin de la gauche de 1971, celle d'Épinay, qui consistait en un accord entre François Mitterrand et les communistes : "apportez-moi vos voix et je prends vos idées". Quand je dis "idées", c'est trop flatteur. Mais disons cette idée vague, mélange de Marx mal dégrossi et de Keynes fantasmé. L'idée qu'il faut toujours embaucher de nouveaux fonctionnaires et verser des subventions et des allocations, ce qui revient fondamentalement à prétendre que lorsqu'on doit sortir les gens de la difficulté c'est forcément par une intervention massive de l'État. Or, le cycle de l'union de la gauche ouvert en 1971 s'est brisé sur la réalité. Beaucoup s'en rendent compte : c'est par exemple ce que dit Manuel Valls, qui annonce ce tremblement de terre. C'est un phénomène majeur.
Lorsque vous dites que mon but serait de chercher les déçus de François Hollande, je crois qu'on peut aller plus loin. Je ne pense pas en termes de recyclage. Il nous faut un changement d'époque, une méthode nouvelle, des idées mobilisatrices, qui s'adresse non pas aux déçus comme une revanche, mais un vrai espoir qui rassemble. Je veux amener une génération nouvelle au civisme et des personnalités nouvelles aux responsabilités. Il y a un immense besoin de régénération. Un besoin de changer la manière dont nous parlons. Tous nos concitoyens qui sont épuisés, et qui n'y croient plus, je veux qu'ils retrouvent leur conviction et même leurs rêves.
Lorsque vous considérez que le texte de la loi travail va être adopté sans qu'il y ait eu débat à l'Assemblée nationale ! Vous mesurez ce que le Parlement est devenu ! Quand vous pensez que l'opposition a renoncé à déposer une motion de censure sur ce 49-3 emblématique. Tout cela parce que les députés ont dit qu'ils ne viendraient pas voter, pour des raisons de match de football, de manifestations locales ou de week-ends en famille... Laisser passer un tel texte, lorsque l'on est l'opposition, et ce, à 9 mois d'un scrutin majeur, cela veut dire que personne ne veut monter à la tribune, et donc que la tribune n'a aucune importance. Ils ne croient plus au Parlement, majorité et opposition confondues, ils ne croient plus en eux-mêmes, explosés qu'ils sont dans leur opposition interne à quelques mois de la primaire. Ils se planquent. Tout cela dessine un tableau terrible qui donne une idée du besoin historique de régénérescence absolue. C'est le moment d'ouvrir un nouveau chapitre. Mon envie n'est pas du côté du recyclage, mais du côté de l'écriture d'un chapitre nouveau.
Ces passions noires dont vous parlez s'appuient malgré tout sur un diagnostic qui n'a pas été fait par les autres. Ce que l'on peut voir avec le Brexit, avec Donald Trump, ou dans une autre mesure avec Marine Le Pen, comprend un constat, notamment sur la mondialisation, le délaissement des classes moyennes, qui n'a pas été fait par les autres. La classe politique française ne souffre-t-elle pas d'un manque de diagnostic ?
Qu'est-ce que c'est l'histoire ? Ce sont des gens qui sont pris dans des événements dont ils ne comprennent pas le cours. J'étais persuadé que Donald Trump allait remporter la primaire américaine chez les Républicains, comme j'étais persuadé que nous perdrions le référendum de 2005, parce que sur toute la planète les gens pensent qu'ils perdent le contrôle de leur vie. Il y a un immense conflit entre les gens qui prétendent exercer le pouvoir et les gens qui constatent qu'ils n'en ont aucun. Aujourd'hui, la lutte des classes est aussi la lutte des castes.
Je veux essayer de répondre avec une focale plus large. L'immense vague de la globalisation a troublé l'idée que les peuples se font de leur identité et de leur avenir. Qui sommes-nous et où allons-nous ? Et c'est une vague mondiale. Depuis l'Inde, ou ceux qui l'ont emporté sont les nationalistes hindous, jusqu'au monde musulman avec l'impact du radicalisme fondamentaliste, jusqu'à Israël, l'Iran, en passant par tous les peuples européens. Tout cela est à rattacher au vaste mouvement de déstabilisation dû à la mondialisation. Parce que cela touche deux choses. La première est : qui maîtrise les évolutions ? les peuples ont le sentiment que personne ne gouverne, sauf l'argent. Ils supposent, croient ou constatent que les puissances financières sont les seuls maîtres du jeu. Cela est un trouble très profond, aussi bien pour les démocraties que pour les autres.
La deuxième chose est que jusqu'à présent, le progrès technologique était considéré comme un facteur de progrès social. C'est encore vrai en partie dans les pays émergents. Mais, chez nous, cette puissance est démentie par la baisse du niveau de vie des familles. Plus personne ne se sent en croissance de niveau de vie. La grande clé qu'étaient autrefois les études n'ouvre plus les portes. On en revient aux réalités sociales les plus impitoyables : ce qui ouvre les portes, ce sont les relations familiales. C'est-à-dire, au fond, la naissance, ce qui est insupportable pour un peuple démocratique, et en tous cas, français.
Et cela se conjugue avec une extravagante présence de la communication, qui dévalue la parole politique, faisant apparaître chaque jour un peu plus que ceux qui prétendent gouverner ne le font pas. Le progrès ne remplit plus son rôle social et les puissants sont impuissants ! Tout cela créé un enchaînement de frustrations et de désespérances.
Ces deux phénomènes méritent de trouver un recours. Par exemple, je n'accepte pas l'aggravation continue des inégalités. On croyait à un mouvement vers l'atténuation des inégalités dans les sociétés développées, alors qu'on constate à l'usage que ceux qui étaient les classes moyennes voient aujourd'hui leur niveau de vie s'effondrer. Cela est un défi idéologique et économique qui est, à mon sens, sans précédent depuis les deux derniers siècles. C'est un démenti. Si nous n'avons pas conscience de cela, si nous ne le nommons pas, alors nous irons vers de très graves ennuis. L'explosion de la société est la conséquence de cela. Plus personne ne voit son destin lié à celui de son voisin.
Où sont les réponses ? Ce qui peut faire reculer les inégalités, c'est d'abord l'éducation. Ensuite la maîtrise des immenses possibilités ouvertes par les technologies nouvelles. Une réflexion sur ce que sera le travail demain en un temps d'automatisation forcenée. L'intervention coordonnée des banques centrales dans le domaine monétaire peut permettre de passer le seuil des quelques années critiques. L'inscription dans les traités pour l'action de la banque centrale d'un objectif de plein emploi et de puissance de notre appareil de production. La restauration d'un climat de confiance pour que notre démocratie permette l'authenticité de la représentation et du débat. Tout cela est à reconstruire. Et tout cela passe par la crédibilité des dirigeants. Nous avons besoin de leadership.
C'est pourquoi j'ai beaucoup réfléchi à l'histoire. Je me suis intéressé à tous ceux qui ont détourné la fatalité de l'histoire. Henri IV, par exemple, est une des rares figures historiques d'un homme qui change le cours du fleuve. Celui qui prétend s'opposer à la puissance d'un fleuve est un fou. Un barrage cède toujours. Mais de très rares hommes d'État ont compris que l'on pouvait dévier le cours d'un fleuve vers un nouvel équilibre. C'est ce que Henri IV a fait, ce que Gandhi a fait, ce que Churchill a fait.
Boris Johnson, lui aussi, est fasciné par Churchill...
Boris Johnson vient, je le crains, de montrer ses limites, de révéler son inconséquence. Il n'a pas osé affronter le destin qu'il avait lui-même façonné, vers lequel il avait lui-même entraîné les Britanniques. Tout comme Nigel Farage. Ils ont entraîné leur peuple à décider de sortir de l'Union européenne mais ont décliné le devoir d'assumer les conséquences de leur décision.
Boris Johnson a été trahi par Michael Gove, et Nigel Farage a été mis dehors...
Les gens qui se laissent décourager par une trahison ne sont pas à la dimension de l'histoire. C'est comme ça. Hélas la trahison individuelle est dans l'ordre des choses, c'est la loi du genre.
Vous allez donc passer à un diagnostic plus abrupt, plus radical ?
Tous mes diagnostics ont été abrupts. Sur la dette, sur le déficit, sur le produire en France, sur les affaires, sur la privatisation des autoroutes, sur l'adhésion de la Turquie, j'ai toujours porté le fer où il fallait. Il a pu m'arriver d'être bienveillant avec les personnes, c'est autre chose. La détestation n'est pas dans ma nature. Et en même temps, il faut rassembler. C'est la ligne sur laquelle je suis intransigeant Nous avons besoin de reconstructeurs capables de faire prendre conscience aux gens qu'ils vivent dans le même pays et qu'ils sont engagés dans la même aventure. C'est pourquoi je plaide pour un changement de la vie politique, pour que toute les sensibilités aient leur place. Les deux grands partis cherchent à éliminer tous les autres, ce qui est une catastrophe civique.
Selon les sondages de "sortie des urnes", la reprise en main de la souveraineté a été la première motivation des électeurs qui ont voté en faveur du Brexit. Ce désir existe également au sein de la population française. Comment répondre à cette demande au sein de l'Europe actuelle ?
Le désir de souveraineté est le désir le plus normal et le plus justifié de la part des peuples ; parce que c'est l'objet même de la démocratie : l'exercice de la souveraineté du peuple. La question réelle est celle de savoir si la souveraineté peut s'exercer dans la solitude d'un état national isolé. Que pèse-t-on sur les grands problèmes du monde, si l'on est une voix solitaire ? Prenez par exemple le Moyen-Orient ? Il suffit de regarder la guerre en Irak. La division des nations européennes a conduit à une catastrophe géopolitique majeure. Bush a mené l'opération, avec les faucons. Les Européens se sont alignés, sauf la France et il faudra en reconnaître toujours le mérite à Jacques Chirac.
La grande question de l'avenir est de savoir s'il y a une régulation possible du capitalisme. Il y a des forces puissantes qui s'organisent pour que l'on conclue qu'une telle régulation est impossible. Or il n'y a qu'un espace où on peut défendre l'idée d'une régulation efficace du capitalisme et si l'on obtient un consensus où on peut l'imposer, c'est l'Europe. Et cela d'autant plus que le Royaume Uni est sorti. Mais si chacun veut faire sa régulation, comme cela était le cas avant, alors nous n'avons aucune chance. Il n'y a qu'un espace qui ait la taille critique par exemple pour une monnaie qui compte dans le monde. C'est l'Europe. La gouvernance de la monnaie européenne peut apporter de l'oxygène par temps de crise, pour que les populations puissent se remettre en état de marche, pour aplanir les problèmes sociaux, et pour pouvoir reconfigurer la société, et la rendre efficace. Mais si l'on fait cela avec la Banque de France, on comptera l'insignifiance et les désagréments, on retrouvera les dévaluations dites compétitives. La catastrophe.
Pour moi, c'est une évidence absolue, indiscutable : l'existence de l'Europe politique est dans le monde contemporain la condition même de notre souveraineté.
Comment réconcilier l'Europe et les européens ?
C'est une question majeure. Je rencontre beaucoup de scepticisme quand je m'exprime sur ce sujet, même parmi mes amis. Il faut que les citoyens puissent devenir partie prenante des décisions que prend l'Union européenne ! Le premier devoir de l'Union est donc d'informer exactement les citoyens européens de la préparation des décisions, du mécanisme de ces décisions, qu'ils sachent où l'on va, où l'on en est. Cela changerait tout et permettrait aux citoyens de s'organiser pour se manifester auprès des décideurs. Ce changement ne coûterait rien et réévaluerait l'Union auprès des citoyens. Une révolution aisée à conduire. Mais nous pouvons le faire avec les institutions existantes. Il ne s'agit pas de changer les traités, et l'idée de changer les traités en 6 mois est une idée d'enfant.
En revanche, et en raison de l'importance actuelle de la France dans l'Union, et encore plus dans l'Europe future, le fait que le Président de la République française porte une idée, en en informe ses concitoyens, et par là-même l'ensemble des européens, peut faire naître un véritable débat européen. Si l'on entend un dirigeant de premier plan s'exprimer, émettre une parole en phase avec le réel, et non de la langue de bois, alors cela peut changer les choses. Alors les gens pourront savoir qui prend les décisions. Alors l'importance des lobbies diminuera. Tout cela, c'est la reprise de la souveraineté.
J'ai deux axiomes. L'Europe n'est pas faite pour effacer les nations. Les nations sont comme les familles, on ne les efface pas. L'Europe est faite pour les aider à se projeter dans le futur et les rassembler pour qu'elles relèvent ensemble les défis de l'avenir.
Les peuples ont le droit d'être assurés de leur avenir, et ils ont le droit de savoir où on les conduit.
Je pense que le Brexit a été un électrochoc pour beaucoup de Français. Cet événement peut participer à une prise de conscience en France.
Permettez-moi une remarque sur cette prise de conscience : j'ai été frappé, lors du référendum britannique, du fait que 75% des jeunes ont voté pour rester en Europe. Chez les plus âgés, c'est le contraire. Quand les plus âgés votent contre les aspirations des plus jeunes, on voit se dessiner une fracture extraordinairement dangereuse.
Comment faire pour que la France joue au sein de l'Europe le rôle qui devrait être le sien ?
Cela dépend d'abord de la capacité du Président de la République française. Si le Président peut s'avancer devant son peuple et sur la scène européenne en traitant de l'essentiel, cela intéressera les gens, et la France sera entendue. Il est le seul chef d'État et de gouvernement qui puisse le faire. L'Allemagne, pour des raisons historiques et sociologiques ne peut pas s'ériger en leader de l'Europe, elle a donc constamment besoin d'un alter ego. Elle a habilement joué entre les deux alter egos qu'étaient la France et le Royaume Uni, ce qui lui a permis d'occuper une position de pivot. En l'absence du Royaume Uni, le Président de la République française est le seul qui puisse jouer ce rôle et parler pour son propre compte parce que notre double parenté avec l'Europe du Nord et l'Europe du sud, notre position de chaînon manquant, notre place historique, notre place au conseil de sécurité de l'ONU, nous donne cette capacité-là.
Je crois aussi qu'on devrait imposer au Parlement français de se saisir des questions européennes, en amont. Non pas comme un débat formel, mais en s'engageant sur les questions traités, en donnant mandat au gouvernement. Tout cela marquerait le retour de la France.
Le sommet de Varsovie se tient ce weekend end sur fond de jeux de guerres entre l'OTAN et la Russie. Comment répondre aux inquiétudes des pays baltes et de la Pologne tout en discutant avec la Russie ?
Il faut se concilier avec la Russie. Je vois tous les points inquiétants du côté de Poutine. Mais si l'Europe ne comprend pas qu'elle a destin commun avec la Russie, alors elle ne comprend rien. Je ne dis pas qu'il faille aller dans la fascination de Poutine, mais au moins devrions nous avoir un chemin de conciliation. Parce que le nationalisme de Poutine, lui aussi, est dans la vague de la mondialisation. Ce n'est pas autre chose qu'une réponse d'État aux troubles infinis que les Russes ont vécu depuis 30 ans. Leur refuge est le nationalisme orthodoxe.
Ce qui laisse à penser sur l'immense naïveté de certains esprits du XXIe siècle. Comme pour tous ceux qui voulaient faire adhérer la Turquie à l'Europe.
Concernant les pays baltes, ils sont animés pour l'essentiel par la peur de Poutine. C'est pourquoi, plutôt que d'Europe, Ils rêvent d'une OTAN qui leur paraît plus à même de s'opposer à lui. Je pense qu'il faut que l'Europe recherche un équilibre avec la Russie de Poutine sans rien céder sur ce que les Baltes craignent. Bien sûr, j'en mesure la difficulté. Poutine avait besoin de s'ancrer dans cette affirmation nationaliste et orthodoxe, j'espère qu'il ne va pas céder à la tentation d'une fuite en avant. Si l'Europe pouvait être le garant de quelque chose, plutôt que l'OTAN, je trouverais cela aussi bien.

lundi 27 juin 2016

Inauguration de la ligne 4 ou l'art de réaliser un ( très bel) ouvrage dont on se demande bien à quoi il va servir?




Inauguration de la ligne 4 ou l'art de réaliser un ( très bel) ouvrage dont on se demande bien à quoi il va servir?
Si ce n'est à privilégier un quartier par rapport à d autres qui sont asphyxiés par des milliers de voitures transportant des passagers qui n ont pas d autre solution pour entrer en ville que de s engouffrer dans les avenues très étroites!
Boutonnet sera ainsi le seul quartier de Montpellier à disposer de 2 lignes de tramway pour se rendre à la gare!!
Personnellement, pour travailler dans ce quartier, cela me fera gagner ....3 minutes voire 4 ...si je vais à la gare...bon si je dois pas y aller...
Cette réalisation n a coûté que ...30 millions d euros pour... 1 km de trajet! Une bagatelle!
Bon c'est vrai que la gauche nous avait habitué à de telles dépenses :
L'immeuble des Pierres Vives: 150 millions d euros
La Mairie de Montpellier: 200 millions d'euros
Maintenant la ligne 4 à 30 millions d euros
Demain la gare TGV de la Mogere ....sans TGV! Fallait le faire!
Mais là, je ne vais pas critiquer car la gauche a mis 3O ans pour le contournement de l'autoroute A9!! Alors ..pour une fois qu elle anticipe!!
Le plus dur sera d'arriver à choper les rails des TGV ....si un jour ils passent à proximité de la ville bien entendu!!
Alors on se dit " la droite va arriver et va remettre de l ordre" . Sauf que le seul élu qui avait un programme pour la région ( D.Reynie) a été viré ...non pas par la gauche...mais par la droite!!
Cela promet!!
Oh mais dans quelques mois l'extrême droite sera majoritaire! Possible..et l on se trouvera dans la situation des Britanniques, qui voulant se débarrasser des migrants, vont à leur tour être considérés comme migrants en Europe!!
Belle perspective!! Faut vraiment que notre région soit encore riche pour se permettre tout cela!
Felix Allary
président MoDem 34

vendredi 25 mars 2016

"Refaisons l’unité du centre" François Bayrou, président du MoDem.


François Bayrou, président du MoDem, a affirmé que la décision de participer ou non à la primaire de la droite pour 2017 était "une responsabilité individuelle", dans une interview à Paris Match.
Paris Match. Les centristes de l’UDI ont-ils raison de se tenir à l’écart de la primaire ? 
François Bayrou. Je ne veux pas me mêler des marchandages politiques. Nous avons 6 millions de chômeurs, une société soumise à de graves menaces de rupture, un système politique incapable de faire passer la moindre réforme… Tout ça est plus important que des histoires de manœuvres et de négociations électorales. Participer ou pas à ces "primaires" sera une responsabilité individuelle des citoyens. 
Faut-il recréer un grand parti du centre, une nouvelle Union pour la démocratie française qui rassemblerait le MoDem et l’UDI après 2017 ?
J’ai toujours défendu le rassemblement du centre, d’un centre indépendant, contre l’idée fallacieuse qui a présidé à la création de l’UMP : un "parti unique de la droite et du centre". Droite et centre, ce ne sont pas les nuances d’une même couleur. Chacun a son identité. Refaisons l’unité du centre, un centre conscient de ce qu’il est, déterminé dans son projet, la vie politique française en sera changée. En mieux. 

Si vous étiez député, voteriez-vous la loi El Khomri en l’état ? 
Cette loi est décevante en ce qu’elle laisse de côté la question des PME, qui sont désarmées face à la complexité du droit social. Et la baisse de la rémunération des heures supplémentaires me semble une erreur. Pour autant, il y a des choses réellement positives, comme la possibilité de passer des accords au sein des entreprises.

Comment l’Européen que vous êtes juge-t-il l’accord entre l’Union européenne et la Turquie sur les réfugiés ?
Je crains de graves désillusions. In fine, le problème ne se traitera pas en "déléguant" à autrui la question des réfugiés. Nous devrions tout faire pour que l’UE, l’Onu et la Ligue arabe sécurisent des zones sur le terrain, de telle sorte que ces réfugiés n’aient pas à fuir leur région.

Face aux échecs successifs des quinquennats Sarkozy et Hollande, faut-il en venir au septennat non renouvelable ?
Je ne le crois pas. Sept ans, c’était un quinquennat plus deux ans de cohabitation. Un président privé de pouvoir pendant deux ans, à quoi cela sert-il ? La question fondamentale, c’est plutôt notre système politique qui empêche des courants différents de s’entendre pour faire passer des réformes utiles. Pour débloquer la situation, il faut changer la règle du jeu, qui est la loi électorale.

Alain Juppé, lui, est clairement défavorable à la proportionnelle…
C’est vrai. J’essaierai de le convaincre. On ne peut plus continuer avec des institutions qui font semblant de vivre sur l’affrontement d’un camp "de gauche" contre un camp "de droite", alors qu’il n’y a plus ni gauche ni droite. Le résultat de tout ça, ce sont des équipes qui ne sont plus soutenues que par 20 % des gens. Il est impossible de gouverner sur une base aussi réduite.

Si Juppé ne triomphait pas à la primaire, vous ne vous lanceriez en campagne qu’en décembre. Trop tard ?
La précipitation actuelle, la multiplication baroque des prétendants ces derniers temps, tout cela est complètement décalé de la réalité. Je ne veux pas participer à cette foire d’empoigne. Je pense qu’il est rassurant pour les citoyens de voir un homme politique, qui a lui-même un socle de souhaits de candidature et d’intentions de vote conséquent, dire qu’il est prêt à en soutenir un autre. C'est une approche désintéressée et on en a besoin. Quant au calendrier, une candidature qui s’affirmerait en fin d’année serait largement suffisante pour convaincre les Français.

mercredi 23 mars 2016

"L’intérêt du pays est de se rassembler quand il est en danger" François Bayrou.

Invité de France 2 au lendemain des attentats qui ont frappé la capitale belge, le président du MoDem a plaidé pour un rassemblement du pays et souhaité que la solidarité prenne le dessus sur les petites polémiques inutiles.
Bonjour François Bayrou.
Bonjour.
 
Après les attentats de janvier et de novembre, on avait beaucoup parlé d'union nationale. Cela n'a pas duré très longtemps. Est-ce que vous avez le sentiment cette fois-ci que cela peut durer ?
 
L'union nationale, et plus largement encore. Ceux qui sont frappés, nos voisins belges, qui sont un autre peuple à notre porte et l'émotion que nous ressentons montre que nous sommes une famille de peuples. Ce qui touche les uns touche les autres. Nous avons les mêmes adversaires, nous avons les mêmes réseaux qui sont présents chez nous, nous avons probablement la même organisation derrière tous ces attentats. Donc il faut l'union nationale en France et il faut l'union des peuples européens pour que les services de renseignement, les services de police, les services de sécurité puissent agir ensemble contre les réseaux tentaculaires et déterminés à tuer.
 
Justement, vous parliez d'union des peuples mais il n'y a pas d'union des polices. Et là, cela pose un vrai problème.
 
C'est exactement la raison pour laquelle l'idée que l'on pourrait se défendre sans s'unir avec les voisins soumis aux mêmes risques et à la même menace est une idée qui est à 10 000 km de la réalité. Les attentats de Paris ont été préparés à Bruxelles, les réseaux sont enracinés partout et ce sont des réseaux très difficiles à détecter parce qu'il n'y a pas des milliers de personnes et ils se préparent longtemps en avance. Les attentats que nous venons de voir ne s'improvisent pas du jour au lendemain. Il faut avoir repéré, préparé les armes, choisi le mode opératoire et donc tout cela suppose un travail très sérieux de renseignement, de police, de sécurité. Cela suppose encore autre chose, c'est que les responsables ne cessent de faire appel à la vigilance des citoyens. Le voisinage peut découvrir et peut détecter un très grand nombre de choses.
 
Vous êtes un Européen. N'avez-vous pas le sentiment quand même que l'Europe est justement le ventre mou sur lequel le terrorisme peut prospérer ?
 
Le terrorisme prospère dans tous les pays du monde : il a prospéré dramatiquement aux États-Unis, en Australie, hélas dans toutes les zones du Proche et du Moyen-Orient.
 
L'Europe n'arrive pas à appliquer le fameux fichier PNR, le fichier des personnes qui prennent l'avion !
 
C'est pour moi une incompréhension de tous les instants. Quand on voit ce qui nous menace, comment imaginer qu'il y ait par idéologie ou par doctrine, par philosophie, des gens qui résistent à la mise en place des armes élémentaires pour repérer, combattre, mettre de côté les gens qui nous attaquent. Le PNR, peut-être faut-il rappeler ce que c’est : c’est le fichier européen qui permettrait de savoir qui prend l’avion et d’avoir des données précises sur ceux qui voyagent et sur ceux qui présentent des risques. Les libertés individuelles ne sont pas menacées : on sait où vous allez. Un pays comme la Belgique, un pays comme la France, nos pays européens - par ce que nous formons un ensemble - sont ainsi sous la pression du risque et de la menace. Ils doivent se défendre en prenant les garanties nécessaires pour que personne ne puisse en abuser car aujourd’hui certains cherchent à en abuser. Donc, oui, je suis favorable à l’adoption de ce fichier européen, il faut que l’on sache qui voyage et d’où viennent ceux qui nous menaceront.

On parlait d’union et de solidarité, quand on voit ce qui se passe au Sénat et à l’Assemblée autour de la déchéance de nationalité, les petites querelles autour de cette déchéance, n’est-ce pas aussi un petit peu consternant ?
Ce n’est pas à la hauteur. Il y avait du symbolique dans tout cela. François Hollande avait cherché un symbole qui puisse permettre de montrer qu’il fait un pas en direction de la droite qui le demandait depuis longtemps. Et puis évidemment là-dessus se sont greffés à la fois des conflits de doctrine et de philosophie, et puis des conflits politiques. Franchement, tout cela n’est pas à la hauteur de ce que nous avons à vivre et à faire.
Autrement dit, la classe politique, française, européenne, n’est pas à la hauteur ?
Les classes politiques ne sont pas à la hauteur par ce que généralement et trop souvent les responsables politiques ne sont, non pas en avance, mais à la traine par ce qu’ils se laissent mener et conduire par les sondages et l’opinion. Au lieu d’avoir une vision qui puisse permettre au contraire d’entrainer leurs concitoyens, de leur montrer où on va. Au contraire, ils se laissent trop prendre par les petites querelles d’ambitions dérisoires et certainement mal jugées par les français.
Comment jugez-vous l’attitude de François Hollande face au terrorisme ?
Il s’exprime peu, j’espère qu’il agit davantage, et de ce point de vue-là, aucune des autorités européennes ne manque au devoir de vigilance qui est le sien. En tout cas je l’espère, et je ne suis pas de ceux qui choisissent la polémique à l’égard de tel ou tel responsable de notre pays ou des pays européens qui nous entourent. Moi, je suis pour que l’on manifeste la solidarité, je suis pour que l’on se serre les coudes. Après on voit si tout a été fait, si tout aurait pu être mieux fait. Mais le goût classique ou perpétuel que nous avons pour la dispute alors que l’on a besoin d’unité, cela est quelque chose qui ne me va pas et je ne vois pas là, je ne reconnais pas là l’intérêt du pays. L’intérêt du pays est de se rassembler quand il est en danger et quand il encourt un risque.
Merci François Bayrou.
Merci.